« Les chansons « populaires », un art politique. »
« La musique des « yéyés » et des « copains » n’est retenue ni dans les livres d’histoire de la littérature ni dans ceux de la musique comme des chefs-d’œuvre. Ces chansons populaires passent en effet pour anodines, voire insignifiantes. « L’école est finie», chantée par Sheila, « Le travail, c’est la santé» d’Henri Salvador ou « Il fait trop beau», chanté par les Parisiennes ne semblent pas, a priori, des chansons politiquement engagées, voire subversive. Et pourtant, à bien les entendre, à regarder scrupuleusement les scopitones, ces petits films de l’époque, on peut aussi en relever la dimension politique. Si elles critiquent la société du début des années 1960, elles se présentent aussi comme des modèles sociaux alternatifs. Vitesse, tourisme, émancipation font partie de la pochette de « Il fait trop beau ». Les femmes y prennent une place particulière, même si le compositeur, Claude Bolling, incarne encore une figure masculine très centrale. Et si Henri Salvador, Sheila et les Parisiennes, par exemple, avaient, à leur manière, préparé la société française au basculement du mois de mai 1960 ? »