Nouvelle publication de Ana Póvoas : "L’horizon de la démocratie habitée à l’épreuve du cinéma participatif du Centre Vidéo de Bruxelles"

 
 

Résumé :

Cet article traite d’un nouveau référentiel théorique à même de prendre en compte la dimension politique des enjeux spatiaux des sociétés contemporaines : la démocratie habitée. Ce référentiel est tout d’abord construit à partir du croisement des axes de renouvellement de l’éducation permanente en Belgique francophone avec la théorie de la justice spatiale que je propose au sein d’un groupe de chercheurs, dont font également partie Jacques Lévy et Jean-Nicolas Fauchille. Dans la première partie, je synthétise les référentiels historiques de l’éducation permanente ainsi que leur traduction dans la régulation de ce champ par la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB). À partir de ce portrait, j’identifie l’émergence du nouveau référentiel de la démocratie habitée. Celui-ci postule que la production collective d’un projet culturel ou artistique de longue haleine peut partager, dans certaines conditions, les finalités et les outils de diverses formes de démocratie participative. Avec une focale géographique, cette production collective concerne ici un travail citoyen qui porte spécifiquement sur des questions relatives à l’habiter de l’espace contemporain. Dans la deuxième partie de l’article, j’élabore l’étude de cas d’un dispositif d’éducation permanente de cinéma participatif : les Ateliers urbains du Centre Vidéo de Bruxelles (CVB). L’analyse de cas s’appuie sur un processus de réflexivité collaborative lente, que je développe avec le CVB depuis 2020. Les va-et-vient entre théorie et analyse empirique des films et de ses méthodes ont permis de problématiser trois enjeux de cohérence interne des pratiques de démocratie habitée, présentés dans la conclusion.

Mots-clés :

  • cinéma participatif, Centre Vidéo de Bruxelles, démocratie participative, éducation permanente, espace, géographie, justice spatiale, politique, référentiel, théorie

« L’ambition du cinéma de constituer une stimulation à la réflexion pose la question de choisir les points de vue qui nourrissent le travail de pensée et d’appréciation éthique tant des personnes participantes que des spectateur·rice·s. Les Ateliers urbains, qui filment de plus en plus avec des groupes de personnes aux profils variés, nous montrent les difficultés de ce choix. D’une part, le cinéma permet de traverser les murs et de mettre face à face des voix de personnes qui ne se croisent jamais. Des avis différents émergent sur les mêmes sujets, les mêmes lieux. Mais, pour garder le respect dû à chacun·e, les films participatifs optent pour un flou pacifique sacrifiant la robustesse du projet politique qui pourrait y être coconstruit. »
— In: Ana Póvoas, L’horizon de la démocratie habitée à l’épreuve du cinéma participatif du Centre Vidéo de Bruxelles, Number 91, 2023, p. 198–224
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