(Actualisé) La traverse « Habitans » d’EspacesTemps.net

Habitans

Une nouvelle traverse vient d’être publiée sur EspacesTemps.net, revue partenaire de Chôros. 

Vous pourrez y découvrir les réflexions et travaux d’Olivier Lazzarotti, d’Anne Gaugue et de Benjamin Taunay, de Sylvie Joublot-Ferré, de Guénola Capron, d’Émilie Balteau et de Jacques Lévy.

 
« Comment rendre compte, géographiquement donc sans norme ni hiérarchie, de l’immense diversité des êtres humains ? D’abord, la nommer. Dans un premier temps et comme produit dérivé de l’habiter reconceptualisé le nom commun d’habitant est retenu. Il nomme un résultat. Ou plutôt des résultats. Et tant de résultats que les intégrer tous semble impossible. Mais habiter, c’est autant un résultat qu’un processus. Et si les modalités d’habiter sont infinies, le processus est unique : la construction des relations aux lieux et territoires du Monde. Le mot habitans désigne et explore ce processus. Du coup, il rend possible l’analyse scientifique des relations qui participent à faire de chacun et chacune un être unique, qualifié par la construction réciproque de son être et du Monde. »
— OLIVIER LAZZAROTTI, « HABITANS : DE L’HABITER AUX SINGULIERS», ESPACESTEMPS.NET [EN LIGNE], MIS EN LIGNE LE 25 SEPTEMBRE 2024, CONSULTÉ LE 27.09.2024. URL : HTTPS://WWW.ESPACESTEMPS.NET/ARTICLES/HABITANS-HABITER-AUX-SINGULIERS/

Être un habitant dans le système du contrôle des mobilités en Chine.

Cet article de Benjamin Taunay vise à analyser conjointement la mise en normes de l’espace chinois et les manières d’habiter ces mutations, à partir d’un lieu connecteur emblématique : la gare de Hongqiao, à Shanghai. Il y a en effet une tension entre ce que signifie être un habitant ici et le contrôle du pouvoir politique qui s’exerce sur place. En ce cas, comment habiter dans un régime de contrôle des mobilités ? L’article propose dès lors l’exposé de l’univers de sens que représente cette gare, décrypté ensuite selon les caractéristiques de ce lieu, la possibilité d’y développer des incivilités, mais aussi les moyens pour y prendre prise.

Les plaisanciers au long cours, des habitants itinérants.

Cet article d’Anne Gaugue porte sur les habitants itinérants à travers l’exemple des plaisanciers au long cours, ces hommes et femmes qui décident de larguer les amarres pour vivre sur leur voilier en naviguant de port en port, plusieurs mois, voire plusieurs années. Cet exemple, somme toute marginal, permet de nourrir débats et réflexions sur les habitants contemporains. Ce cas singulier fait apparaître qu’une réflexion sur les habitants suppose une double approche, pragmatique et phénoménologique, et permet par ailleurs d’aborder la question des habitants de passage ainsi que le déplacement comme pratique habitante.

Expériences et apprentissages du Monde

Discontinuité et polyphonies des attachements de quelques élèves

Cet article de Sylvie Joublot-Ferré cherche à comprendre comment les élèves font l’apprentissage du monde et en particulier comment surgit ou non de l’attachement à l’égard des différents lieux de l’habiter. Cette mise en discussion est articulée aux résultats d’une recherche doctorale qui a examiné les pratiques spatiales de quelques adolescents et leur discours à sur leurs lieux quotidiens ou exceptionnels. L’hétérogénéité des expériences spatiales induit des attachements pluriels. Notre préoccupation est d’abord pédagogique et didactique. Il s’agit d’explorer le lien entre les spatialités juvéniles et la géographie qui est enseignée durant le cursus scolaire. Notre questionnement porte sur la manière de faire entrer le tournant spatial dans l’enseignement et comment mieux arrimer la géographie à l’univers des élèves et des étudiants. La question du lieu est centrale.

Habitants des trottoirs ?

Le cas de Mexico

Cet article de Guénola Capron vise à analyser l’idée qu’on puisse habiter les trottoirs comme on habite sa maison. Il identifie, à travers les usages ordinaires et les formes d’appropriation que font les habitants des trottoirs, les modes d’habiter et les conflits qu’ils génèrent du fait de la coexistence entre différents types d’habitants et la confrontation entre ordres urbains (public/privé, formel/informel) présents sur les trottoirs. Est alors proposé le concept d’ordre hybride qui invite à rendre compte de cette hétérogénéité conflictuelle entre habitants, modes d’habiter et autorité publique.

Habiter la rénovation urbaine : variations sur un même thème

Cet article d’Émilie Balteau porte sur les effets sociaux de la politique de rénovation urbaine contemporaine et s’exprime sous deux formes différentes : un texte et un film. Ancrée dans la monographie d’un quartier d’habitat social situé en ville moyenne (Auxerre) et adossée à un cadre théorique réhabilitant la classe sociale, la recherche montre comment la rénovation urbaine, en transformant les espaces physiques et la composition de la population locale, différencie les quartiers et les secteurs, et tend à rejouer le clivage entre la cité et le pavillon (lequel confère ses allures au « nouveau » quartier étudié). Ce faisant, la rénovation urbaine retravaille le statut socio-résidentiel des habitants qui se prêtent dans ce contexte à un jeu de distanciation complexe, visible dans les rapports variés qu’ils entretiennent à l’espace, tant en termes de représentations que de conduites. En même temps, à travers ces rapports à l’espace pourtant faits de différences et d’oppositions, la recherche donne à voir la rénovation urbaine comme une mise à l’épreuve générale où se réaffirme l’appartenance commune des habitants aux classes populaires. En éprouvant inévitablement leurs richesses et leurs relations, elle contribue en particulier à souligner l’étroitesse des ressources économiques des habitants et révèle également l’importance que conserve la sociabilité locale. Cette dernière participe d’un ensemble de tentatives de réappropriation qui jalonnent les paroles et pratiques des habitants et enjoignent de ne pas succomber à l’image d’une domination unilatérale, aussi fondamentales que puissent apparaitre les contraintes pratiques et symboliques dans lesquelles les classes populaires évoluent.

Autogéobiographie

Cet article de Jacques Lévy montre que, à partir de données précises et fiables, il est désormais possible de rendre compte des spatialités d’un individu à l’échelle temporelle de sa biographie. Une série de treize cartes explore la dimension géographique d’une vaste part de la vie d’une personne, sa géobiographie. Dans ce travail, le chercheur se prend lui-même pour objet, ce qui pose des problèmes spécifiques et ménage des surprises stimulantes. À partir de ce cas spécifique, des figures d’habitants dont l’individu serait une composition singulière sont identifiées. À partir de ce prototype, on peut concevoir d’autres recherches qui permettront des analyses plus systématiques.

Géoanalyse : pour une heuristique de l’homo habitans.

En proposant l’expression d’homo habitans, cet article d’Olivier Lazzarotti vise à établir les conditions épistémologiques d’une étude de chacun et chacune par ses géographies. Les outils de « carte d’identités », de « signature géographique » et de « place » sont mobilisés. Ils prennent tout leur sens dans les perspectives théoriques de l’habiter et d’une « théorie du singulier ». Le projet pose alors quelques principes de faisabilité scientifique, sur la base d’un postulat, d’un dilemme et d’une éthique.

Emilie Gallardo