Soutenance HDR de Benjamin Taunay : "Contrôler et normaliser l’habiter touristique : enjeux pour la projection de la Chine dans le Monde"
“Contrôler et normaliser l’habiter touristique : enjeux pour la projection de la Chine dans le Monde”
Benjamin Taunay a soutenu son Habilitation à diriger des recherches en géographie, le mardi 08 février dernier à l’Université Picardie Jules Verne à Amiens.
Clichés souvenirs au cœur de l’avenue Zhongshan, en début de soirée, le 16 octobre 2015 (© B. Taunay).
Résumé :
Le volume 1 propose une relecture critique de ma position scientifique, en retrace sa genèse, discute du résultat des travaux produits, afin de formuler de nouvelles perspectives de recherches. Pour cela, le texte se structure en deux temps. Le premier « mouvement » s’inscrit dans une démarche autoréflexive, en vue de décortiquer ce qui fait de moi un géographe. Plusieurs « entrées en géographie », que sont le fait touristique, les habitants et les « univers de sens », croisées à des terrains majoritairement situés en Chine, sont là organisées autour d’une pensée de l’habiter. Une réflexion sur les travaux de terrain menés de 2003 à 2018 permet parallèlement de réfléchir à la possibilité de reproduire de telles recherches en Chine contemporaine. Dans le deuxième mouvement, intitulé « Depuis la Chine », une réflexion est proposée sur ce qu’habiter en touriste veut dire, en Chine et dans le Monde. À mi-chemin entre la synthèse réflexive et des perspectives de recherche, l’hypothèse formulée est que ce qu’il est possible de voir dans les lieux touristiques chinois, d’entendre et plus largement d’éprouver, est une construction négociée par l’autorité culturelle, visant à encadrer les individus autorisés à se déplacer, afin d’entretenir un certain ordre et contrôle social, même au-delà des frontières chinoises. Partant, le texte propose de réfléchir au tourisme comme un fait politique, un instrument instrumentalisé au service du pouvoir, usant de règles et des ressources permises par l’encadrement du développement touristique depuis la période des réformes. Des formes spatiales, tels les parcs touristiques répartis dans le pays, en témoignent et doivent être étudiées en tant que telles : elles permettent d’encadrer les mobilités, à condition, pour les habitants, de respecter les normes et de proscrire les incivilités. Le volume ouvre sur un projet, proposant de réfléchir à l’hypothèse d’une « Chine-Monde » du tourisme : d’une politique sociale, le fait touristique, pour le Parti-État chinois, n’est-il pas en train de se fondre dans une politique d’influence, sur le Monde ?
Le volume 2 précise les enseignements, actions de coopération internationale (en Chine, en Indonésie et au Brésil), publications et communications produits pendant les années couvertes par cette habilitation. Le texte ouvre aussi la discussion sur les responsabilités associées au métier d’enseignant-chercheur géographe à l’université, dans le cadre de l’internationalisation des établissements supérieurs français. Le tout est complété par une égo-géographie qui vise à resituer le parcours dans une somme d’univers professionnels. Une sélection de 28 publications vient conclure le dossier.
La statue de Guanyin (108 mètres de haut), du parc Nanshan, le 27 novembre 2015 (© B. Taunay).
Groupe de touristes chinois dans le quartier De Wallen (dit quartier rouge), à Amsterdam (Pays-Bas), en milieu d’après-midi le 17 septembre 2018 (© Benjamin T.).
Le jury était composé de :
Catherine Fournet-Guérin, Professeure des Universités en géographie, Université Paris-Sorbonne
François Gipouloux, Directeur de recherche émérite, Centre Chine, École des hautes études en sciences sociales
Olivier Lazzarotti, Professeur des Universités en géographie, Université de Picardie Jules Verne (garant)
Jacques Lévy, Professeur des Universités émérite en géographie, Université polytechnique Hauts de France (rapporteur)
Philippe Pelletier, Professeur des Universités émérite en géographie, Université Lumière Lyon 2
Philippe Nivet, Professeur des Universités en histoire, Université de Picardie Jules Verne
Isabelle Sacareau, Professeure des Universités en géographie, Université Bordeaux Montaigne