Mesurer le peuplement effectif des lieux.
Measuring the Actual Population of Places.
Un problème proposé par Jacques Lévy
Nous ne savons pas qui habite où. Les recensements mesurent classiquement la population au lieu de résidence, à quoi a été souvent ajouté les flux pendulaires avec les lieux de travail. On a aussi, dans certains pays, des informations fragmentaires sur le tourisme. On reste très loin des réalités car les activités et les mobilités se sont diversifiés.
Il faudrait prendre les choses autrement : comment un individu partage son temps, comment distribue-t-il les 8 760 heures qui composent une année ? Au lieu d’assigner une personne à un lieu unique, il faudrait lui attribuer les parts de son temps qu’il consacre à différents lieux. Un lieu comprendrait donc une certaine quantité d’individus pondérés par la proportion de présence.
Pour réaliser un tel calcul, il suffirait de disposer des données téléphoniques anonymisées. L’ennui provient de ce que les opérateurs sont réticents à libérer l’accès à ces données et que, jusqu’à présent, les gouvernements ne les ont pas classées comme données d’intérêt public. Cela viendra peut-être, mais comment faire en attendant ?
Le problème peut donc être formulé ainsi : comment mesurer le peuplement effectif d’un lieu par tous ses habitants, quelles que soient leurs activités et la durée de leur séjour dans ce lieu ?
We don’t know who inhabits where. Censuses classically counts people at their place of residence. Commuting flows with working places and limited information about tourism have often been added. We are still far from the reality of diversified activities and mobilities.
Things should be addressed differently: how does an individual share his time? How does he/her dispatch the 8,760 hours that compose a year?
Instead of assigning a person to a single place, proportions of his/her time which are devoted to different places should be attributed to him/her. A place would then encompass a certain number of individuals weighted by their share of presence.
Accessing to anonymised phone data would be sufficient to perform this kind of calculation. The trouble is that the phone companies are reluctant to release this date and that governments did not tag them as information of public interest so far. Let’s hope this will come but what can we do meanwhile?
The problem can then be formulated in this way: how can we measure the effective population of a place, by taking count of all its inhabitants whatever their activities and the duration of their stay in this place?
Tout d’abord, même si la chose peut paraître évidence, j’aimerais revenir sur l’utilité d’une telle métrique. Là-dessus, Jacques a certainement son propre avis, mais pour moi, le peuplement effectif des lieux permettrait de mieux répondre aux exigences de durabilité, et notamment en ce qui a trait à l'allocation de ressources financières, matérielles et énergétiques. Dans une certaine mesure, connaître le peuplement effectif des lieux accompagne donc une démarche de justice spatiale centrée sur l’individu dans sa multilocalité, plutôt que limité aux fonctions (patriarcales) du lieu de résidence et du lieu de travail. Bref. (…/…)
Une contribution de Shin Koseki